RDC : vers une autorisation de la sexualité à l’école ?

Vingt-quatre heures après la publication d’une note circulaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle citoyenneté autorisant les filles enceintes à poursuivre leurs études sans interruption, les réactions se multiplient à travers le pays.

À Bunia, l’Association nationale des parents d’élèves du Congo (ANAPECO) s’oppose catégoriquement à cette mesure. Pour son président provincial, David Mputu, cette décision compromet les valeurs morales et risque de banaliser la sexualité dans le milieu scolaire.

« Si une fille tombe enceinte, qu’elle reste à la maison avec sa grossesse, et après l’accouchement elle peut reprendre les chemins de l’école. Mais dire que les filles vont commencer à se promener avec leur grossesse pendant les études, moi personnellement je m’inscris en faux. Je n’adhère pas à cette philosophie », affirme-t-il.

Selon lui, les enfants doivent se concentrer sur leurs études et envisager le mariage plus tard. Il ajoute : « On doit encourager la morale au niveau des écoles. Il ne faut pas qu’on nous ouvre des portes chaque jour pour que ça devienne les cinés où l’on va, on peut s’engrosser et continuer à étudier. Que chaque parent prenne des mesures pour montrer aux enfants que les histoires de sexe et de grossesse ne sont pas intéressantes. Parce qu’on peut se marier à tout moment : dès qu’on a déjà son papier, on peut se marier ».

De son côté, Alain Uwonda, préfet des études au Complexe Scolaire Shalom de Bunia, estime que cette décision enfreint plusieurs dispositions réglementaires et appelle à une concertation nationale.

« Cette décision, non seulement pourrait créer des désordres dans les écoles, mais elle lèse plusieurs articles et règlements d’ordre intérieur, ainsi que des normes et des principes éthiques, surtout dans les établissements conventionnés. Et si l’on me posait la question comme vous venez de le faire, j’aurais souhaité que madame la ministre de l’Éducation nationale consulte toutes les parties prenantes du secteur éducatif avant que cette note ne soit publiée, pour éviter les controverses que nous constatons actuellement », déclare-t-il.

Il conclut : « Nous, particulièrement au niveau de notre école chrétienne protestante, pensons que cette mesure va à l’encontre de notre règlement intérieur, voire de notre éthique. Nous ne pouvons pas l’appliquer immédiatement. Cela ne signifie pas que nous nous opposons aux autorités, mais nous estimons simplement que cette décision mérite d’être mûrement réfléchie. Elle pourrait compromettre la promotion scolaire de cette année. Il faut que toutes les parties prenantes soient impliquées pour que la société comprenne l’intention et le bien-fondé de cette mesure ».

Il convient de rappeler qu’en République démocratique du Congo, la loi interdit les rapports sexuels avec les mineurs de moins de 18 ans. Par ailleurs, la Bible condamne les relations sexuelles avant le mariage.

Une contradiction totale ? Qui vivra verra.

Djodjo Djamba

By olivier

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