À Bunia, ville longtemps étouffée par l’afflux massif des déplacés de Djugu et par l’instabilité sécuritaire dans les zones d’approvisionnement, un léger souffle économique se fait sentir. Après plusieurs mois de flambée, le prix du riz aliment de base pour de nombreuses familles connaît enfin une baisse significative.
Depuis des mois, l’insécurité persistante à Djugu a contraint des milliers de personnes à fuir vers Bunia. Des localités telles que Lopa, Nizi ou Iga-Barrière se sont vidées, accentuant la pression démographique et économique sur une ville déjà surpeuplée. Par ailleurs, la route nationale n°4 reliant Komanda à Bunia reste impraticable en raison des attaques répétées des ADF, perturbant l’approvisionnement en feuilles de manioc (sombé). Du côté de Djugu, les légumes en provenance de Kathoto se font rares. La route nationale n°27 vers l’Ouganda et la voie lacustre via le lac Albert sont également devenues incertaines, entravées par l’activisme de groupes armés, compliquant davantage les importations.
Conséquence : des pénuries persistantes et une envolée des prix sur les marchés.
Cependant, une accalmie relative semble s’installer depuis quelques semaines. Selon un habitant interrogé, le sac de riz de 25 kg, qui avait atteint 68 000 FC au plus fort de la crise, se négocie désormais à 56 000 FC.
> « C’est un soulagement, surtout pour les familles nombreuses. Nous espérons que la tendance va se maintenir », confie un père de famille rencontré au marché central.
Mais cette baisse ne concerne pas tous les produits. Le sucre, par exemple, continue de grimper : le sac de 25 kg est passé de 78 000 à 80 000 FC, une hausse qui inquiète les consommateurs.
> « Nous sommes habitués à accompagner notre thé ou notre bouillie d’un peu de douceur », déplore une cliente.
Les commerçants, eux, peinent à expliquer ces fluctuations.
> « Riz et sucre viennent des pays voisins. Nous dépendons beaucoup du transport extérieur. Dès qu’il y a un blocage, surtout lié à l’insécurité, les prix s’envolent. En plus des taxes légales, nous devons payer des barrières illégales, ce qui alourdit tout », explique un vendeur de denrées rencontré à Kolomani.
Si la baisse du riz redonne un peu d’oxygène aux ménages, la population reste prudente. À Bunia, chacun sait que la moindre recrudescence de violence dans les territoires voisins pourrait à nouveau perturber l’approvisionnement.
> « Nous prions pour que la paix revienne vraiment. Sans sécurité, les prix vont toujours jouer avec nous. Et nous sommes toujours perdants », se lamente une vendeuse ambulante croisée dans les rues de Mudzipela.
Erick Bahati
