Ituri : le silence des communautés face aux groupes armés questionne la volonté réelle de paix(tribune d’Olivier Bahemuka

Depuis 2017, la province de l’Ituri est confrontée à une crise sécuritaire persistante. Malgré les efforts déployés par l’État congolais qu’ils soient militaires, diplomatiques ou sociaux pour restaurer l’autorité publique, une interrogation troublante demeure : pourquoi certaines communautés, au lieu de condamner fermement les violences, semblent fermer les yeux, voire soutenir tacitement leurs fils et filles engagés dans des groupes armés illégaux ?

Des miliciens sont parfois hébergés, nourris, dissimulés, et même défendus par une partie de la population au nom de l’appartenance communautaire. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, affaiblit considérablement le processus de pacification. Comment espérer la paix lorsque ceux qui la compromettent bénéficient de la protection ou de la sympathie de leurs proches ?

Ce comportement alimente une guerre sans fin et enferme la province dans un cercle vicieux. Soutenir un enfant égaré ne revient pas à cautionner son égarement. La véritable paix commence par un désarmement intérieur, par un refus collectif d’accepter les armes comme mode d’expression.

L’heure est à la responsabilité partagée. Les leaders communautaires, les familles, les confessions religieuses doivent s’unir pour rejeter toute forme de violence. L’Ituri a besoin de se reconstruire, de se relever. Soutenir la paix ne signifie pas rester neutre face à l’inacceptable, mais avoir le courage de dire à son frère : « Tu es allé trop loin. Reviens ! »

Si les communautés aspirent réellement à la paix, elles doivent cesser de justifier l’injustifiable. Car le silence complice est une arme plus destructrice que le fusil.

By olivier

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