RDC : trois grandes figures politiques dans l’œil de la justice , l’heure de vérité ?

La République démocratique du Congo entre dans une phase judiciaire et politique sans précédent. Trois personnalités majeures Joseph Kabila Kabange, ancien président, Augustin Matata Ponyo, ex-premier ministre, et Constant Mutamba, actuel ministre de la Justice font face à de graves accusations allant de crimes de guerre à détournements de fonds publics et mauvaise gouvernance. Dans l’opinion publique, le spectre des scandales non résolus, tels que le RAM ou la gestion controversée des finances par Nicolas Kazadi, revient en force.

Joseph Kabila Kabange : vers une audition historique d’un ancien président ?

Selon un réquisitoire officiellement déposé par l’auditeur général des FARDC, relayé par Radio Okapi le 19 mai 2025, Joseph Kabila est soupçonné de crimes de guerre, trahison et soutien présumé au mouvement rebelle M23. Une demande de levée de son immunité parlementaire est en cours d’examen au Sénat, via une commission spéciale.

Interrogé à ce sujet, le professeur Jean-Claude Mvumbi de l’Université de Kinshasa, cité par Radio Okapi, estime que cette démarche est « juridiquement possible mais politiquement risquée », car elle créerait un précédent. Certains proches de l’ancien président, repris par l’ACP, y voient une « tentative d’humiliation politique à des fins électoralistes ».

Augustin Matata Ponyo : un verdict retentissant, des critiques virulentes

Le 20 mai 2025, la Cour constitutionnelle a rendu un verdict sans appel : 10 ans de travaux forcés, 5 ans d’inéligibilité, et saisie des biens équivalents à 245 millions USD pour Augustin Matata Ponyo, dans l’affaire Bukanga-Lonzo. Le jugement, publié dans l’arrêt R.CONST.063/2025, a été massivement relayé par les médias nationaux.

Matata, via son compte X officiel, dénonce une « décision politique visant à l’écarter de la présidentielle ». Un avis partagé par Human Rights Watch dans son rapport 2025, consulté par Iturivision.cd, qui alerte sur « le risque d’instrumentalisation de la justice dans un climat électoral sous tension ».

Constant Mutamba : une affaire de prison qui embarrasse la Justice

Un rapport confidentiel du Procureur général près la Cour de cassation, révélé par Jeune Afrique le 20 mai, accuse Constant Mutamba d’avoir détourné 19 des 39 millions USD prévus pour la construction d’une prison moderne à Kisangani. L’Assemblée nationale a été officiellement saisie pour autoriser l’ouverture d’une enquête.

Intervenant sur les ondes de RFI, Mutamba a dénoncé « une cabale orchestrée pour salir son image ». Mais pour Marie Dubois, analyste à l’Institut Afrique & Justice, citée par Jeune Afrique,« l’image d’un ministre de la Justice éclaboussé par un scandale financier compromet la crédibilité de l’appareil judiciaire tout entier ».

Nicolas Kazadi et le dossier RAM : des zones d’ombre persistantes

Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, n’est pas formellement poursuivi, mais plusieurs rapports de la société civile, notamment celui de La Libre Afrique daté du 15 mai 2025, pointent une gestion opaque de la dette intérieure, des décaissements non justifiés et des marchés publics irréguliers.

Quant au dossier RAM, la taxe controversée sur les appareils mobiles qui avait généré plusieurs millions de dollars, aucune enquête sérieuse n’a été menée contre le ministre Kibassa Maliba, initiateur du projet.

Une justice sélective ? La société civile en alerte maximale

Dans un communiqué publié le 19 mai 2025, la LUCHA, mouvement citoyen, alerte : « Il est urgent de réformer la justice congolaise pour qu’elle cesse d’être un outil au service des puissants ». Rosalie Mukendi, citée dans ce document, insiste sur « la nécessité d’un véritable État de droit ».

L’ONU, via son bureau des droits de l’homme en Afrique centrale, a également appelé dans une note officielle d’avril 2025 à « des procès équitables, impartiaux et transparents en RDC » pour restaurer la confiance entre les citoyens et les institutions.

Conclusion : le peuple congolais ne dort pas

Entre éseaux sociaux, médias interactifs et forums citoyens, la population ne dort plus. Chaque interpellation, chaque rumeur de détournement est scrutée. Comme l’indique une analyse interne de Iturivision.cd, « la justice congolaise est désormais jugée par l’opinion, et tout échec dans ces affaires emblématiques pourrait être perçu comme une trahison nationale ».

Dans ce contexte, l’heure de vérité a sonné. Reste à savoir si la balance de la justice congolaise saura peser équitablement… même entre géants.

Erick Bahati

By Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Contenus similaires